On peut écrire de différentes façons. Voici donc un texte bilingue. Il m'arrive, en effet d'écrire en niçois. J'ai écrit ce texte pour un cours de ''nissart'' qu'un ami à moi dipense à des gens de son quartier de Nice, dans un cadre associatif. Amusez-vous à lire le niçois, c'est une langue latine, donc abordable par tous et toutes.
D'autres formes d'écriture
C'ETAIT CELA, LE PORT Quand j'étais un petit garçon j'ai habité au port, dans une maison de la rue Lympia dont les fenêtres donnaient sur le quai Papacino. J'étais captivé par le spectacle de l'activité portuaire et je déclarais avec conviction : "quand je serai grand je serai grutier". Le port de ce moment-là était bien différent de ce qu'il est aujourd'hui : c'était un port de commerce animé comme une fourmilière et encombré de divers matériels, matériaux et marchandises empilés, étalés, rangés. Les bateaux de la Corse accostaient et appareillaient du quai Lunel ; le paquebot le plus connu était le "Pascal Paoli". En ville on connaissait les noms des bateaux car les journaux publiaient les dates et heures de leurs arrivées et départs. Le long de la digue du phare s'amarraient les bateaux du vin dont on déchargeait des quantités de tonneaux qui étaient transportés chez les grossistes en vins de la ville. II y en avait notamment un, de ces marchands de vin, sous les arcades de la place Garibaldi ; il laissait toujours des dizaines de fûts au milieu du chemin. Sur le même quai accostaient également de petits caboteurs qui transportaient un peu de tout entre Marseille, Toulon, Nice , Gênes et la Corse. II y avait là, entre autres, les cargos d'arachides. En face, devant les anciennes prisons, le quai était entièrement occupé par de hautes piles de planches apportées par un cargo espagnol : le °Tu ri a". II y avait aussi le bateau du ciment et celui du charbon. La poussière noire couvrait le sol et plus loin étaient rangées d'impressionnantes piles de palettes vides. Tout un petit peuple animait cette activité : marins, grutiers, dockers, charretiers, chauffeurs, électriciens, douaniers, mécaniciens, sans oublier les pêcheurs, les administratifs et les scaphandriers. Tout ce monde vivait du port et ne parlait que le niçois. Du balcon de chez nous, au cinquième étage, je regardais un des plus beaux spectacles vivants : le travail des hommes. Au pied d'une grue, un tombereau plein de cacahuètes partait au petit trot de son énorme cheval. II allait ainsi jusqu'à Saint Augustin, à l'huilerie Audemar. Un tombereau vide s'avançait sous la flèche, deux autres attendaient. La grue plongeait dans la cale son godet ouvert, le remontait fermé, plein à ras bord, pivotait et libérait son chargement entre les ridelles. Le cheval, patient, remuait une oreille. Sur le bateau de la Corse les marins actionnaient les mâts de charge pour monter les vivres nécessaires à la traversée. Plus loin deux tonneaux se balançaient au bout de dix mètres de câble et le grutier guidé par les gestes d'un docker, les déposait délicatement à leur place sur le quai qui en était couvert. Deux dockers les roulaient ensuite, sur des prolonges tirées par des chevaux ou sur des camions qui, à cette époque, avaient la cabine ouverte et des roues à bandages. Quelle force ils avaient, ces hommes, vus par moi ! De l'autre côté du port les lourds paquets de planches faisaient le même voyage aérien que les tonneaux. La grue remontait de la cale un tronc entier, débité en planches séparées par des tasseaux, la grue pivotait, le câble s'inclinait entraînant sa charge. Le grutier arrêtait la flèche au bon endroit ; la charge décrivait un mouvement de pendule mais le grutier le maîtrisait et l'utilisait pour poser le bois précisément à sa place. A l'autre bout se succédaient les camions de menuisiers de la ville. En partant chargé le camion croisait ce que j'appelais "le tram de marchandises" qui amenait le ciment. Avec sa motrice grise et ses wagons plats il arrivait de Contes ou de la Grave de Peille. La grue enfournait les palettes dans le ventre du bateau. Puis elle chargeait les palettes vides sur les wagons et le convoi repartait lentement vers la place Cassini - aujourd'hui "place de l'Ile de Beauté". Les marins, refermaient les cales du bateau sur des milliers de sacs de ciment et le grutier descendait de sa cabine par l'échelle métallique. Une autre rame du "tram de marchandises" assurait le transport du charbon entre le port et l'usine à gaz - José Banaudo a bien parlé de cela dans Lou Sourgentin l'année dernière. Le quartier du port était un quartier populaire, peuplé de familles modestes où le voisinage était harmonieux. Je me souviens de certaines personnes amies de notre famille. II y avait Tacco le tonnelier, brave homme et mauvais caractère ; Richard le grutier - qui avait un bateau et amenait mon père à la pêche - et sa femme Léa ; et aussi Joseph le chauffeur livreur - que l'on appelait Jé - et sa femme Clara. II y avait un homme qui n'était pas né à Nice mais qui habitait au port depuis des années, on l'appelait Monsieur Poirot, Adrien, qui était représentant et chantait des airs d'opéra. Sa femme était une dame très gentille, amie sincère de tous mais on l'appelait Madame Marie, peut-être parce qu'elle était élégante... Notre voisine, au cinquième étage, était madame Ravisa. Et je n'oublie pas le docteur Rosner ! II était déjà vieux à l'époque, mais il avait soigné les oreillons et les rougeoles de tous les gamins du quartier. Dans mon souvenir, le port était ainsi, quand j'étais un petit garçon, il y a de cela... Michel Tinelli
ERA ENSIN, LOU POUORT Dou temp qu'èri pichin siéu estat de maioun fra quauque paréu de mes, au pouort, cariera Lympia, en un apartamen qu'avilha li siéui fenestra dou coustà dou que Papacino. Eri esmaravilhat per l'espetacle de l'ativita dou pouort. Afirmavi : °Coura serai gran, farai lou grutié, farai.". En aquéu temp lou pouort èra pa couma es ancuèi, èra un pouort de coumerce animat coum'un fourniguié, tout embarassat de machina, de matériau, de rauba, amoulounat, desbalat, ourdounat. Lu batéu de la Corsa s'arambavon e apareiavon dou qué Lunel. Lou mai counouissùt de toui lu paquebo èra lou "Pacal Paoli". En aquéu temp, a Nissa, cadun counouissiha lu noum dei batéu perqué lu journal estampavon cada jou li data e lu ourari dai aribada e partensa. A la diga dou farou s'arambavon lu batéu dou vin de doun sourtihon un mouloun de bouta qu'èron, pi, carrejadi dai negouciant de la vila. Mi remembri que n'i èra un, d'aquelu marchiant de vin, souta li arcada de la plassa Garibaldi que laissava sempre de desena de bouta au mitan dou camin. Dapé dou batéu dou vin, s'encaiavon de pichin bastimen de coustierage que traspouortavon de naulage tra Marsilha, Touloun, Nissa, Genouva e la Corsa. Es aqui qu'èra, tra d'autre, lou batéu dai cacaoueta. En faça, davan Il vielhi presoun, lou qué èra coumpletamen embarassat d'auti pila de bouosc apourtat d'un cargo d'Espagna : lou "Turia". Li èra tamben lou batéu dou cimen e aquéu dou carboun. En terra Il èra touplen de poussiera negra e un pou pu luen èron amoulounadi li plancha emplegadi per cargà lu sac de cimen. Touplen de gent animavon l'ativita dou pouort : marinié, grutié, debardur, carretié, counductour, eletriciant, dauganié, mecanicou, sensa denembra lu pescadou, lu emplegat e lu escafandrié. Tout aquestou mounde viviha su lou pouort e parlava ren que lou nissart. Dou nouostre barcoun, au cinquieme plan, regajavi un dei pu bei espetacle vivent: lou travai dei orne Au pen d'una grua, un toumbaréu plen de cacaoueta s'en anava plan plan au trot dau siéu cavalas, fin a Sant Augustin, da Audemar, doun si fahia l'oli. Un toumbaréu vuèi venhia s'apoustà e doui autre asperavon. La grua laissava cala lou siéu goudet dubert dintre lou batéu pi lou remountava bèu plen, virava e liberava lou cargamen tra Ii ridela. Lou cavau, passientous, bouligava un'aurilha. Su lou batéu de la Corsa, lu matalo fahihon founciouna lu mast de carga per monta lu vieure necessari au viage. Delà doui bouta pendihon souta lu des metre de cable d'una grua ; lou grutié, ajudat d'un debardur que li fahihia signau embé li man, Il pauhava delicatamen su lou qué doun n'i èra ja de centenau. Doui pouortafai lu roulavon su de grani carreta a quatre roda estiradi de doui o très cavau, o su de camioun que, en aquèu temp, avihon la cabina duberta et lu roda embé de lamoun. Eron propi fouort aquelu orne, viste d'un pichoun couma iéu ! De l'autre coustà dou pouort de pehant fai de plancha fahion lou meme viage en l'aria que lu bouta. La grua remountava dou flanc dou batéu un aubre entié, menussat en plancha desseparadi embé de tasséu, virava, lou cable clinava. Lou grutié arestava la grua propi au bouon pouost, lou bouosc fahia lou pendulou ma l'orne, damount, mestrejava lou balin balan e s'en servia per pauhà la carga just au siéu pouost. Pu luen, souta d'un' autra grua, si seguihon lu camioun dai fusteria de la vila. Dou temp qu'un d'aquelu s'en anava, arribava su lou qué cen que iéu, noumavi "lou tranvoué dei marchiandisa" ; èra eu que pouortava lou cimen. Embé la siéu moutriça grisa e lu siéu vagoun plat veniha de Counta o de la Grava de Pelha. La grua enfournava lu sac dins lou ventre dou batéu pi cargava lu plancha vuelhi su lu vagoun e lou tram s'en remountava plan plan vers la plassa Cassini - que ancuei es "place de l'Ile de Beauté". Lu matalô barravon li estiva su de millié de sac entan que lou grutié s'encalava de la siéu cabina per l'escala metalica. Li èra finda un tranvoué de marchiandisa que traspouortava lou carboun dou pouort fin a l'usina dou gas - José Banaudo n'a ben parlat dins "Lou Sourgentin" doui paréu de mes fa. Lou quartié dou pouort èra poupulari, li estahion de bravi gent, de familha moudesti, lou vesinat èra armounious. Mi remembri quauque orne e frema qu'èron amic de moun paire e ma maire. Li èra Taco lou boutau, brave orne e marrit caratère ; Richard lou grutié e la siéu espousa Léa, qu'avihon una barca a moutur ; moun paire ensen embé Richard la pihavon souven per ana a la pesca ; e tanben Jousé, que cadun li dihia Je, qu'èra menaire de camioun, la siéu frema èra Clara. Li èra un orne qu'éra pas naissut a Nissa ma estahia au pouort despi d'an e d'an ; li dihion Moussu Poirot - Adrien Poirot - fahia lou placié e cantava l'opera. La siéu espousa èra una brava frema, gentila touplen, una bouona amiga per toui ma cadun li dihia Madama Marie ; perqué èra toujou ben vestida, si pôu... La nouostra vesina, au cinquième plan, èra madama Ravisa. E noun devi oublidà lou doutour Rosner ! Era ja viei en aquéu temp ma aviha mejat lu aurilhon e li roussaia de toui lu mainau dou quartié. Dins lou miéu souveni èra ensin lou pouort, dau temp qu'èri un bastardoun, D'an e d'an fa ... Miquéu Tinelli
L'écriture implique l'orthographe. une bonne manière d'écrire consite à ne pas faire de fautes. Amusez-vous à proposer cette dictée à votre entourage. "Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère. De ce mariage, est né un fils aux yeux pers*. Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire. Le père, quoique père, est resté Lamère, mais la mère, avant d'être Lamère était Lepère. Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu'il est Lamère et la mère est Lamère, bien que née Lepère. Aucun des deux n'est maire. N'étant ni le maire ni la mère, le père ne commet donc pas d'impair en signant Lamère. Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire. Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de Monsieur Lamère, son père, et de Mademoiselle Lepère, sa mère. La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd. Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père Lepère, vient du bord de mer et marche de pair avec le maire Lamère, son petit-fils. Les amis du maire, venus pour la mère, cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère, père de la mère du maire, venu de la mer, et chacun s'y perd !" Vous êtes toujours là ?
bonus
E CRIS-MOI UNE HISTOIRE S ite de Michel Tinelli
accueil
Qui suis-je
L'oeuvre
Presse
Contact